INTRODUCTION

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Entreprises pour l'éducation (pensons-nous, Howard Comeau et moi) d'une princesse et d'un prince, les tapisseries de La Chasse, empreintes de foi, visent à conduire sur le chemin de la morale et du salut celle et celui qui les regardent chaque jour.

Le livre d' Yvonne Labande-Mailfert, Charles VIII - Le vouloir et la destinée (Fayard, 1986) va me permettre d'expliquer de quoi consistaient les supports pédagogiques utilisés (entre autres adultes, par Anne de France peut-être) pour l'éducation des princesses et des princes de la Cour.

Page 18, Yvonne Labande-Mailfert écrit : " Pour l'éducation d'un jeune prince, le livre le plus indiqué semble être celui que Christine de Pisan écrivit, au temps de Charles V, à l'intention de son fils de quinze ans. Tous les princes d'Occident possèdent alors un ou plusieurs exemplaires de l'Epître Othea [la déesse Pallas] au jeune Hector de Troie. Charlotte [la mère de Charles VIII, Charlotte de Savoie] vient de recevoir un nouveau manuscrit de cette œuvre dans lequel chacune des cent histoires a bénéficié d'une magnifique enluminure. En ce livre d'éducation chevaleresque, où la formation du caractère prend le pas sur l'initiation à l'art militaire, les leçons morales et spirituelles sont données au moyen d'exemples attrayants : l'on passe de la fiction mythologique aux récits concernant l'épopée de Troie - à laquelle sont consacrées trente-six " histoires " -, puis à un choix de textes des Pères de l'Eglise et des philosophes. "

L'éducation passe par la présence des enfants auprès des parents et de leur entourage. Ainsi Yvonne Labande-Mailfert évoque-t-elle la présence d'Anne de France : " Anne, le port altier malgré sa jeunesse, sa manière d'observer attentivement les gens et les lieux. "

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Les recommandations orales puis mises par écrit sont d'une utilité indispensable pour que la parole (normalement) pleine d'expérience et de sagesse de l'adulte demeure à jamais. Ainsi Louis XI a-t-il fait rédiger deux livres à l'intention de son fils Charles, livres concernant l'éducation morale, politique et militaire d'un souverain :
Le Rosier des guerres suivi d'un abrégé des Grandes Chroniques de France
et Le Livre des trois eages.

Œuvres anonymes, mais certainement de Pierre Choisnet, médecin et astrologue, qui a laissé son nom en anagramme dans l'un des manuscrits. L'on pense que Louis XI, s'il n'a pas dicté entièrement le texte du Rosier à l'écrivain, a dû donner lui-même le nom et le plan du livre. Louis XI n'a dû effectivement dicter à Pierre Choisnet que la lettre dédicatoire adressée à Charles le " chapitre premier qui est prologue touchant les causes de ce Rosier ".

Le Livre des trois eages " reprend sous une forme abrégée les mêmes principes, moins axés sur la guerre, davantage sur la vie quotidienne et sur la définition du corps politique. "
Les Grandes Chroniques de France pour connaître l'histoire de France jusqu'à la fin du règne de Charles V
http://fr.wikipedia.org/wiki/Grandes_Chroniques_de_France

Le Rosier des guerres
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1926_num_87_1_448756

Le Livre des trois eages
https://journals.openedition.org/crmh/11753?lang=de

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52509771f/f1.item

Les remontrances d'Amboise sont des recommandations que Louis XI fit oralement à son fils Charles au château d'Amboise et qu'il fit copier par la suite.

Le futur roi qu'est le dauphin se doit de connaître ses " ancêtres ", même si la légende invente encore et toujours :
les hauts faits du saint empereur Charlemagne, patron du dauphin Charles
les grands traits de la vie de saint Louis, patron du roi Louis XI, ses croisades, sa volonté de justice et de paix.

" L'enfant, bientôt le jeune roi, puisera jusqu'à la fin de ses jours des exemples dans cette histoire en lisant et en relisant le beau manuscrit qui avait appartenu à Agnès de Bourgogne et que sa sœur Anne lui remettra pour ses dix-huit ans : Le Livre de la vie du roy saint Louis. " (p. 28)
Jean de Joinville (1225-1317) est l'auteur de cette Vie de Saint-Louis en prose française qu'il acheva en 1309. Jeanne de Navarre, reine de France et femme de Philippe IV le Bel (1271-1305) en avait été la commanditaire et Louis X le Hutin, roi de France (1289-1316) le dédicataire. Ainsi commence-t-il :
" A son bon seigneur Looÿs, filz du roy de France, par la grace de Dieu roy de Navarre, de Champaigne et de Brie conte palazin, Jehan, sire de Joinville, son seneschal de Champaigne salut et amour et honneur et son servise appareillé.
Chier sire, je vous foiz a savoir que ma dame la royne, vostre mere, qui moult m'amoit, a cui Dieu bone merci face, me pria si a certes comme elle pot que je li feisse faire un livre des saintes paroles et des bons faiz nostre roy saint Looÿs... "

Sont à lire pour la fréquentation des sages et un honnête divertissement :
Les auteurs antiques, grecs et latins
Les Pères et Docteurs de l'Eglise
Les " Miroirs des princes "
: livres - miroirs que l'on propose aux princes pour se corriger et réfléchir ensuite vers les autres leur image devenue parfaite.
Les Livres d'Heures où les jeunes enfants peuvent apprendre à lire avec l'aide de leur mère et père ou de leurs sœurs et frères

Ainsi, pour la formation intellectuelle de sa fille, Anne de France conseille à Suzanne quelques lectures édifiantes comme le " livret du preudhomme de sainct Lis, celui de sainct Pierre de Luxembourg, les sommes le roy, l'orologe de Sapience, ou aultres livres de vie des Saincts, aussi les dictz des philosophes et anciens saiges " " pour apprendre et retenir quelques bons enseignemens et doctrines " (Enseignements, p. 8 et p. 124.)

 

Il est bon pout tout prince de connaître aussi, entre autres œuvres :
Le Cérémonial français publié par Théodore Godefroy
http://books.google.fr/books?id=64JDN2S1zycC&
printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

les textes bibliques comme ceux concernant le roi Salomon (à méditer pour sa sagesse)
Le Livre de la mort du feu duc Charles de Bourgogne. Ce livre était dans bien des bibliothèques car la grandeur et la chute du Téméraire a frappé tous les Français.
Le Chevalier délibéré, roman dans lequel d'Olivier de la Marche décrit la folle ambition d'un prince.

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Les entrées royales et princières sont aussi des " livres vivants " à feuilleter avec gourmandise et profit :

Yvonne Labande-Mailfert écrit pages 46-48 (il s'agit du sacre de Charles VIII à Reims le 30 Mai 1484) : " Mais les tableaux vivants et autres " mômeries " qui vont suivre le long de la rue principale se feront plus sérieux, didactiques. Un cours d'histoire, il est vrai agrémenté et complété entre chaque scène par le décor chatoyant de la rue elle-même. Les façades disparates, au pied desquelles se dressent des buissons de verdure, disparaissent çà et là sous les tapisseries, les tentures de soie ou les simples draps de lin suspendus aux fenêtres ; de longues bandes d'étoffe colorée - sans doute aux couleurs des métiers - tendues au travers de la rue pour former un ciel continu assez haut au-dessus du cortège, retombent le long des murs. Devant une chapelle, sur un petit échafaud, des reliquaires avec des cierges allumés sont gardés par un moine qui s'égosille à crier " Vive le roy ! " Ici ou là ont été dressées les grandes torches des métiers, que l'on ne sort qu'à la Fête-Dieu certaines sont hautes de 40 pieds (13,20 m) et pèsent près de 60 livres de cire, prétendent certains Rémois.

Devant chaque scène mimée, déclamée ou chantée, un écriteau en français, en grosses lettres capitales, donne le sens de la représentation. Pour le jeune roi on a évité, autant que possible, le latin. Une suite d'images vivantes particulièrement explicites va évoquer les origines semi-historiques des Français et ce que l'on croit savoir de l'histoire de la royauté.

Le premier tableau raconte la fondation de Rome, non sans un jeu de mots facile sur l'histoire fabuleuse de Reims : les deux petits enfants tout nus qui sucent le lait d'une fausse louve, Romulus et Remus, assistés du pasteur " Faustulus " et de sa femme " Laurence ", portent l'un et l'autre au bras un panonceau avec leur nom (et il en sera de même pour tous les personnages de ces tableaux animés) ; l'inscription centrale se termine ainsi :

Les gens REMVS hors de Rome boutez
Fondèrent RHEIMS la cite où nous sommes.

Un deuxième échafaud, rue Saint-Fiacre, donne à voir le roi Pharamond, " premier roi des Français, qui les libéra des Romains " pourvu d'une grande barbe et d'une chevelure abondante ; il trône, tenant épée et sceptre. Les personnages, également barbus, qui le couronnent sont " les Sicambres, héritiers des Troyens " ; ils sont habillés " comme Turcs et Sarrazins, les uns armez, les autres non ". Devant eux, quatre barbus costumés en " docteurs " - entendons en légistes - Salagast, Vuisogast, Bosogast, Vuidagast, font semblant de lire un long texte : la loi salique dit l'inscription. L'allusion n'est peut-être pas du goût d'Anne de Beaujeu. Ne murmure-t-on pas qu'on a dû faire référence à cette loi pour l'écarter du Conseil du roi où elle aurait voulu siéger ?

A la Croix Saint-Victor, une scène plus soignée, encadrée de précieuses tapisseries et plus difficile à interpréter, semble intéresser spécialement le roi, qui s'y arête pour demander quelques explications. Il s'agit du Baptême de Clovis, " premier roi de France chrétien ", et de la mission de la Sainte Ampoule. On lui dit : " Sire, c'est le mystère du Sacre que vous allez recevoir. " Devant l'ange qui apporta du ciel le saint chrême, le roi se découvre.

Enfin, près de l'aumônerie Saint-Denis, un quatrième tableau représente un jeune roi de France guérissant les écrouelles. Il est prévu qu'après le sacre Charles ira procéder pour la première fois de sa vie à ces guérisons auxquelles le doyen du chapitre a fait allusion dans son discours d'accueil. L'origine n'en est, semble-t-il, pas très ancienne. En 1484, les clercs et le sens populaire ne se font pas la même idée de ce pouvoir. Si le doyen a fait écrire sur le panonceau que les guérisons royales s'opèrent par la vertu du sacre :

En la vertu de la sainte onction
Qu'à Rheims reçoit le noble roy de France,
Dieu par ses mains confire guérison
D'escrouellez ; voicy la demonstrance,

les passants qui se trouvent auprès du roi et qui n'ont pas lu l'inscription lui disent spontanément " C'est un miracle de saint Maclou. "

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Pages 117-118 de sa biographie royale, Yvonne Labande-Mailfert décrit la première entrée de Charles VIII à Lyon, le 7 mars 1490 après midi, deuxième dimanche de carême, accompagné du duc et la duchesse de Bourbon. Notre Jean Perréal était de la fête, ayant organisé avec Jean Prévost, les différents chars et tableaux.

" De cette entrée solennelle, le nonce Florès a surtout retenu la magnificence des vêtements. Soie et riches fourrures paraient tous ceux qui allèrent au-devant du roi : marchands génois, florentins, lucquois, allemands, ou citoyens lyonnais. Le roi et sa suite se faisaient remarquer par leur élégance, de sorte qu'on ne voyait rien d'autre en ce cortège qu'or, pierres précieuses et soie. Florès a noté aussi la joie du peuple et les acclamations qui ont résonné tout le jour : VIVAT CHAROLUS ! VIVAT REX !

Il a évoqué les rues diversement colorées, les jeux, les " théâtres ", les nombreuses représentations. A ce sujet, nous avons la bonne fortune de connaître, grâce aux comptes de la ville, le programme des spectacles proposés, et sans doute en bonne partie réalisés, par une équipe de huit personnes où figurent, nommés ensemble, " Jean Prévost et Jean de Paris, peintres ". Selon la coutume, les rues seront tapissées sur les côtés et couvertes au-dessus. Mais l'originalité allait triompher puisque, sur les trois " chars " prévus, pour répondre au goût du roi, en cela bien de son temps, deux devaient avoir pour thème l'astrologie.

Un char roulant, le Zodiaque, devait ouvrir la série, tiré par une haquenée blanche montée par une pucelle qui en donnerait l'explication au roi, " en rimes bien notablement et pertinement faites ". Le Zodiaque tournerait autour du Soleil, figuré par un enfant de douze ans. Quand le roi s'arrêterait pour le voir, le Zodiaque cesserait de tourner et le Soleil se trouverait alors sous le signe du Lion.

Dans le char suivant, le Firmament, sept personnes, hommes et femmes, représenteraient sept planètes, " tous tournant incessamment " ; cette lourde plate-forme serait portée par des hommes dissimulés.

Puis viendrait le char des Quatre éléments.

Le premier des spectacles fixes allait être le Jardin de France, plein d'arbres verts portant des grenades, des oranges, des pommes et des poires ; il serait gardé par quatre Vertus - les " jardinières " - et par un lion " ressemblant le plus possible à un vrai lion ", tenu par une autre vertu, Loyauté. Au moment où passerait le roi, le lion irait lui présenter les clés de la ville et une autre pucelle, Civitas immaculata, suspendue en l'air par des liens invisibles, expliquerait le " Jardin ".

Elle énumère ensuite les " mystères " :
la " Décollation de saint Paul ", devant l'église de ce titre
le " Combat de saint Michel avec le Diable ", en l'air, devant l'église Saint-Eloi (le Diable devra brûler visiblement devant le roi)
une Bergerie peuplée des plus jolies filles (le thème est depuis longtemps dans le vent)
un grand Ecu de France (trois pucelles apparaîtront devant le roi dans les pétales de la fleur de lys et diront l'une après l'autre un rondeau sur le blason)
le mystère du " Roi Salomon avec la reine de Saba ", dans la cité de Jérusalem.
une fontaine " brûlant artificiellement " (!)
Pégase, chevauché par Bonne Renommée, combattant dans les airs.
le mystère de " l'Immolation d'Isaac " représenté par les clercs de Lyon.

Les habitants de certains quartiers pourront préparer eux-mêmes certaines " joyeusetés ", à condition de les avoir soumises auparavant aux " conducteurs " de la fête, chargés de vérifier qu'elles soient " honnêtes " et ne constituent pas de redites.

" Il est bien probable que, pour réaliser les chars " astrologiques ", Jean de Paris aura demandé des précisions à Simon de Pharès, le célèbre astrologue. Ce dernier s'était établi en 1488 dans une maison confortable bâtie sur une rive de la Saône et y avait installé sa bibliothèque contenant " 200 livres des plus singuliers ". Le roi, qui devait toujours manifester un vif intérêt pour toutes les sciences et techniques " singulières " et nouvelles, chercha peut-être dès ce moment à entrer en contact avec Simon, qu'il consultera à l'automne. "
[Simon de Pharès fut un astrologue, né à Meung-sur-Loire vers 1440 et mort après 1495. Il descendait du poète Jean de Meung et de l'astrologue de Charles VII, Simon de Phares, dont il était même peut-être le fils.
http://www.cosmovisions.com/Phares.htm ]

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Yvonne Labande-Mailfert fournit, pages 156-158, des éléments très intéressants sur les moyens d'acquérir des connaissances sur l'Orient, proche ou lointain.

Ainsi au sujet des projets de " croisade " sans cesse évoqués par les papes et les souverains chrétiens :
" Or François [de Paule qui résidait au Plessis-lez-Tours] était de ceux qui pouvaient informer le roi directement et avec véracité sur le royaume de Naples, confirmer l'authenticité des récits que les exilés lui avaient fait entendre à plusieurs reprises. Il avait subi lui-même les persécutions du roi Ferrant lorsqu'il avait voulu défendre, en personne, les paysans et les marins calabrais tourmentés par les collecteurs d'impôts. De plus, le danger turc et la nécessité d'une nouvelle croisade destinée à repousser la vague expansionniste ottomane ne se présentaient pas pour lui comme une simple résurgence du passé, mais comme la réalité très actuelle, plus urgente que jamais. Il avait béni, en 1480, des hommes d'armes qui s'en allaient délivrer la ville d'Otrante tombée aux mains des Turcs depuis plusieurs mois déjà. Il savait que se trouvaient en danger permanent tous les ermitages et couvents qu'il avait fondés dans l'Italie du Sud.

De son côté, Charles VIII, dès son enfance, n'avait pu que sentir naître en son cœur des désirs de croisé en lisant les Grandes Chroniques de France et les récits de pèlerinage à Jérusalem qui circulaient de plus en plus à cette époque ainsi, celui que le confesseur de la petite " reine " Marguerite, un carme, avait composé à la demande de Mme de Segré.
Le roi avait dû écouter les récits de tel ou tel pèlerin de son entourage.

Charles avait à sa disposition La Vie de saint Louis que sa sœur Anne venait de lui offrir. Il avait pu encore admirer, aux vitraux de Sablé, cité où il séjourna, l'Histoire du roi et de la reine de Marseille qui avaient fait vœu d'aller en pèlerinage à Rome s'ils avaient un fils, et qui, après Rome, allèrent, disait-on, à Jérusalem avec le pape. Le roi Charles devait lui aussi dire à ses proches, le moment venu, qu'il avait fait " un vœu à Rome ".

Devant les vitraux de Chartres et devant ceux de Saint-Denis, c'est L'Histoire de Charlemagne qu'il avait vu se dérouler, celle-là même qu'il devait faire copier pour son fils et où l'on peut lire le nom du possesseur Orlant de Charles. On voyait en ces vitraux Charlemagne, muni de l'oriflamme, s'en aller délivrer les Lieux saints.

Pendant les chaudes journées de l'été 1492, le roi relit encore Le Livre des trois fils de rois : son compte de la Chambre pour cette année-là nous dit qu'il a fait recouvrir son propre exemplaire au mois d'août. Or ce livre lui parle non seulement de Naples mais aussi de " la conquête de la Foi par les saints Apôtres " et de son prolongement dans les temps modernes puisque " le Turc, converti, retourna en son pays et y établit la foi de Jésus-Christ ". Comment ne pas penser aux espoirs que l'on menait en la conversion du sultan Djem ?

[Pour tout savoir sur Zizim : https://fr.wikipedia.org/wiki/Zizim]

Rome, Naples, Jérusalem font partie de l'univers mental des jeunes chrétiens du 15e siècle. Rêve et réalité sont étroitement mêlés. Pour la réalité, rappelons que l'année 1492 est celle où toute l'Europe vibre en apprenant que Grenade a été conquise, le 6 janvier, par Ferdinand d'Aragon, ce souverain auquel le pape attribuera, en 1496, malgré la réticence de certains cardinaux, le titre de " Roi Catholique ". L'Aragonais n'avait-il pas chassé d'Espagne musulmans et juifs ? Le rêve est contenu dans l'orgueilleuse devise " Plus qu'aultre " adoptée par Charles VIII en 1492. Le jeune souverain exprimait ainsi sa volonté de poursuivre et de dépasser l'exploit du roi espagnol ; en se dirigeant vers quel horizon, sinon vers Jérusalem ?
François de Paule a dû souhaiter que s'établisse un jour en Calabre un prince qui posséderait les moyens et la volonté d'écarter, si possible à jamais, le danger turc. A voir la manière dont Charles de France avait mené la guerre de Bretagne, ne pouvait-on mettre cet espoir en lui ? François ne nous a laissé aucun texte disant explicitement qu'il aurait encouragé le roi de France, en 1492-1494, à tenter l'entreprise napolitaine, mais bien des témoignages vont dans ce sens. Le choix, si singulier, du prénom du dauphin nous invite en particulier à le croire. Il s'appellera Orlando, c'est-à-dire Roland, avait dit l'ermite.
Un choix qui devait certes surprendre un homme de Cour puisque ce prénom n'avait encore été porté par aucun roi de France, mais qui cependant n'avait rien de scandaleux. Le " Roland " de La Chanson de Roland avait été considéré comme saint dans toute la chrétienté médiévale. "

En effet, Charles pouvait avoir lu :
La Chanson d'Aspremont : le lutte légendaire de Charlemagne et de son neveu Roland contre les Sarrazins dans l'Aspremont, massif montagneux au sud de l'Italie.
Le Songe du Vieil Pèlerin de Philippe de Mézières qui s'adresse au jeune Charles VI sous forme allégorique (Moïse adolescent reçoit de la reine Vérité, après un long voyage autour du monde, des conseils politiques)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_de_M%C3%A9zi%C3%A8res
Le Roman de la Rose et de la Violette en 3 volumes (signalés dans les comptes de Charles VIII en 1488)
http://www.arlima.net/eh/gerbert_de_montreuil.html

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Tout ce que vous venez de lire, est dissimulé dans La Chasse à la Licorne, et vous allez le retrouver dans les pages suivantes.

 

 

Le mot " encyclopédie " vient de encyclopædia, latinisation à la Renaissance de l'expression grecque de Plutarque énkyklos paideía, littéralement " le cercle des connaissances " ou même " enchaînement de connaissances " (én = dans, kyklos = cercle, et paideía = éducation).

A Guillaume Budé revient l'adaptation du latin encyclopaedia dans le vocabulaire français ; à François Rabelais, la première occurrence imprimée du mot " encyclopédie " dans la première édition de son Pantagruel, en 1532.

Au chapitre XX, " Comment Thaumaste racompte les vertus et sçavoir de Panurge ", Thaumaste déclare que Panurge lui a " ouvert le vrai puits et abîme d'encyclopédie ". Il évoque par cette expression le savoir complet que possède Panurge et Pantagruel, acquis grâce au programme pédagogique dont Gargantua a défini les principes au chapitre VIII, afin que son fils devienne " ung abisme de science ".

" Adoncques se leva Thaumaste, et, ostant son bonnet de la teste, remercia ledict Panurge doulcement ; puis dist à haulte voix à toute l'assistance :

— Seigneurs, à ceste heure, puis je bien dire le mot envangelicque : Et ecce plus quam Salomon hic. Vous avez icy un thesor incomparable en vostre presence ; c'est Monsieur Pantagruel, duquel la renommée me avoit icy attiré du fin fond de Angleterre pour conférer avecques luy des problemes insolubles, tant de magie, alchymie, de caballe, de egomantie, de astrologie, que de philosophie, lesquelz je avoys en mon esprit.
Mais de present je me courrouce contre la renommée, laquelle me semble estre envieuse contre luy, car elle n'en raporte la miliesme partie de ce que en est par efficace.

Vous avez veu comment son seul disciple me a contenté et m'en a plus dict que n'en demandoys ; d'abundand m'a ouvert et ensemble solu d'aultres doubtes inestimables. En quoy je vous puisse asseurer qu'il m'a ouvert le vrays puys et abisme de encyclopedie, voire en une sorte que je ne pensoys trouver homme qui en sceust les premiers elemens seulement ; c'est quand nous avons disputé par signes, sans dire mot ny demy. Mais à tant je redigerai par escriptce que avons dict et resolu, affin que l'on ne pense que ce ayent esté mocqueries, et le feray imprimer à ce que chascun y apreigne comme je ay faict, d'ont povez juger ce que eust peu dire le maistre, veu que le disciple a faict telle prouesse, car Non est discipulus super magistrum.

En tous cas Dieu soit loué, et bien humblement vous remercie de l'honneur que nous avez faict à cest acte ; Dieu vous le retribue eternellement. "


Les encyclopédies ont leurs ancêtres, de la plus ancienne : Historia naturalis de Pline l'Ancien (23-79 après n.è.) à Wikipédia à laquelle je me réfère souvent, en passant donc par La Chasse à la Licorne. En voici quelques-unes d'avant la Renaissance, surtout du 13è siècle, " siècle encyclopédique " selon Jacques Le Goff :

- Etymologiae d'Isidore, évêque de Séville (v.560-636)
- De natura rerum de Bède le Vénérable, moine anglo-saxon (v.672/673-735)
- De rerum naturis de Raban Maur, moine bénédictin et archevêque de Mayence (v.780-856)
- De proprietatibus rerum du franciscain Barthélemi l'Anglais, du milieu du 13è siècle, traduit en français par Jean Corbechon en 1372 pour Charles V
- Summa universalis (la Somme de l'univers) , Imago mundi (l'Image du monde) et Speculum Ecclesiae (Le Miroir de l'Église) d'Honorius Augustodunensis (1080-v.1150)
- De naturis rerum d'Alexandre Neckam (1157-1217), religieux et philosophe anglais
- Speculum majus de Vincent de Beauvais (v.1190-v.1264), frère dominicain français
- De natura rerum de Thomas de Catimpré (1201-1272), théologien et hagiographe dominicain
- Le Livre du Trésor de Brunetto Latini (v.1220-1294), notaire, philosophe et chancelier de la république florentine
- Images du monde de l'ecclésiastique et poète lorrain Gossium de Metz en 1246
- Livre de Sydrach, Livre de la fontaine de toutes sciences ou Livre de Sydrac le philosophe, contenant mille nonante et quatre demandes et solutions d'icelles. Encyclopédie sous forme de questions et réponses écrite en français et en prose dans le dernier tiers du XIIIe siècle.
- Placides et Timéo, Les secrez aus philosophes ou Des secrets de philosophie, lequel est appellé le naturien ou encore Les secrets naturiens (naturieus?) selon les plus grans philozophes, écrit en français et en prose dans la seconde moitié du XIIIe siècle, avant 1304.

 

Pour Howard Comeau, Jean Perréal a repris dans La Chasse les mises en scène de pièces théâtrales établies par Jean Fouquet (*), peut-être pour illustrer chaque jour de l'année. Ces cartons " pédagogiques " ont pu être utilisés pour éduquer les princes et les princesses, au château d'Amboise entre autres lieux. Mais, bien entendu, les tapisseries des Cloisters sont postérieures à ces mises en scène de Fouquet.

James Rorimer note que l'écureuil peut représenter Anne de Bretagne : sur la fameuse tapisserie de Mazarin qui est maintenant dans la collection Joseph Widener à la National Gallery of Art de Washington, Anne, assise au côté de Charles VIII, tient en son giron un écureuil. Alexandre Lenoir écrit en 1819 qu'il y a un autre portrait de la reine avec un écureuil.

 

(*) Jean Fouquet : 1420 - 1478/81, l'écureuil de la tapisserie La Mort de la licorne. Le nom de famille Fouquet vient du patois des régions de l'ouest et signifiait écureuil.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Fouquet

 

 

Autoportrait de Jean Fouquet, 1450

Dans la scène du " lit de justice ", extrait du manuscrit Boccace, il inclut son autoportrait : en " figure de bord ", debout, sur la droite, touchant le cadre, Jean Fouquet est le personnage qui nous regarde. Il veut nous dire qu'il a été témoin de l'événement.

Procès du duc d'Alençon. Lit de justice de Vendôme en 1458.
Boccace, Des Cas des Nobles Hommes et Femmes, enluminure de Jean Fouquet
Munich, Bayerische Staatsbibliotek, Cod. Gall. 6, fol. 2v.


http://classes.bnf.fr/fouquet/grand/ill7.htm

http://expositions.bnf.fr/fouquet/arret/24/c.htm

 

Voici une illustration par Jean Fouquet lui-même d'une de ses pièces théâtrales. Il s'agit de la mise en scène, à la manière d'un mystère, du Martyre de Sainte Apolline (Heures d'Étienne Chevalier - Musée Condé - Chantilly)

http://expositions.bnf.fr/fouquet/grand/f112.htm

Il faut remarquer en haut au centre même de la miniature un trône vide.

Son occupant, le roi, un prince, est descendu sur la scène jouer son rôle de monarque (Dèce), donner la réplique, tandis que 'le metteur en scène' dirige les acteurs et les musiciens de sa baguette et lit à haute voix le déroulement de l'épisode joué ce jour.

Chacun des spectateurs était ainsi convié à participer activement à la représentation dans ce théâtre fermé où, comme dans les tapisseries de La Chasse à la licorne, le Paradis est à gauche, et l'Enfer à droite.

 

Un mystère: le martyre de sainte Apolline

" Le théâtre a été pour l'Eglise un autre moyen de diffuser la foi et la culture chrétienne. Il s'agissait au départ de jouer des scènes des Écritures dans une sorte de cathéchisme visuel. Les premières performances théâtrales eurent lieu dans des abbayes au Xè siècle et ne cessèrent de se multiplier ensuite. Le succès aidant, le théâtre religieux sortit de l'église pour se dérouler en plein air.

Si le drame liturgique s'enrichit à partir de 1200 d'œuvres théâtrales originales et profanes, la popularité du théâtre religieux ne se démentit pas à la fin du Moyen Âge. Les citadins en particulier étaient friands de mystères, c'est-à-dire de représentations du martyre d'un saint, joués par des acteurs amateurs, le plus souvent membres d'une confrérie.

Cette enluminure peint le moment crucial du spectacle, le martyre de sainte Apolline…

 

[…] Cette peinture est un des rares témoignages iconographiques que l'on ait sur le déroulement d'une représentation. Celle-ci est très différente du théâtre moderne, puisque le public n'est pas séparé des acteurs et qu'il n'y a pas de coulisses. Les acteurs ont leur loge premier étage des échafauds, dont ils descendent pour dire leur réplique sur la scène centrale, comme le roi païen dont on aperçoit le fauteuil vide au centre ; mais les espaces réservés aux acteurs alternent avec ceux des spectateurs, ainsi les deux loges entre celles du roi païen et celle de Satan, sont occupées par des dames de la bonne société.

Le théâtre est en réalité un polygone à douze côtés dont l'artiste n'a représenté que la moitié : il faut imaginer à la place de la petite haie du premier plan la loge d'Apolline, celle de ses bourreaux et d'autres loges pour le public. Le reste des spectateurs se presse debout, au rez-de-chaussée. L'ensemble du dispositif pouvait peut-être accueillir 750 personnes. Le mystère était une représentation qui associait les citadins au spectacle : ils étaient à la fois les bâtisseurs de l'échafaud, les acteurs et les spectateurs de la pièce, dont le but était d'enseigner et de faire revivre une histoire édifiante. La performance se déroule dans une atmosphère de kermesse, comme le rappelle la présence du fou avec son bonnet à grelots, à gauche, qui montre ses fesses.

Il n'y a pas lieu de douter de la véracité de la scène, car Jean Fouquet était familier des représentations théâtrales dont il lui était arrivé de peindre les décors, mais on peut s'interroger sur le sens de sa peinture. Celle-ci appartenait au Livre d'Heures du trésorier de France Etienne Chevalier, qui comprenait comme tous les livres de ce genre une partie réservée au suffrage des saints, souvent illustrée par leur martyre. Pourquoi cependant représenter le supplice de sainte Apolline par un mystère ?

Le choix de la représentation théâtrale, donc de l'illusion, de même que divers éléments comme le pélican qui orne le B du début de l'antienne 'Beata Apolonia…' sous la scène invitent à lire dans le martyre de cette vierge, étirée sur son tréteau comme sur une croix et condamnée par ordre de son père, un double de celui du Christ. "

Boris BOVE, Le Temps de la Guerre de Cent Ans, 1328-1453, Belin, 2009, p. 428.

 

Mystères et Passions

Les Mystères, qui mettent en scène la vie des saints, et les Passions, qui racontent celle du Christ, ont connu un véritable engouement dans les villes à la fin du Moyen Âge. Un spectateur raconte la Passion organisée à Paris pour le retour du roi Charles VII :
"Devant la Trinité était la Passion, c'est à savoir comment Notre-Seigneur fut pris, battu, mis en croix, et Judas qui s'était pendu. Et ne parlaient rien ceux qui ce faisaient, mais le montraient par jeu de mistère ; et furent les manières bonnes et bien jouées et vivement compassionnées et moult piteuses."

Par ses origines les grandes cérémonies liturgiques - et par ses thèmes, ce théâtre est donc un théâtre religieux, souvent associé à la célébration de la grande messe de Pâques ou de la Pentecôte. Les pièces sont parfois tellement longues qu'il faut plusieurs jours pour les jouer en entier, et elles occupent ainsi la totalité des jours chômés des grandes fêtes chrétiennes. Les Passions racontent toute la vie du Christ, de l'Annonciation à la Résurrection, souvent augmentée de la partie prophétique de l'Ancien Testament, et parfois des ajouts des Évangiles apocryphes, comme l'Évangile de l'enfance. Les pièces sont de plus " farcies ", c'est-à-dire enrichies d'une farce ou d'une sotie comique entre chaque scène sérieuse.

La représentation d'un Mystère ou d'une Passion est toujours une grande fête collective, où chacun participe, au moins en tant que spectateur puisque les spectacles drainent plusieurs milliers de citadins mais aussi de villageois des alentours. Les corporations de métiers ou les confréries organisent le Mystère de leur saint patron. Ainsi en 1443 les cordonniers de Paris représentent le Mystère des saints Crépin et Crépinien. La municipalité offre un lieu public pour la représentation la place du marché, les lices du rempart, les anciennes arènes romaines - et octroie des crédits pour dresser un échafaud, des gradins et des galeries. Les jongleurs professionnels apportent leur savoir-faire, mais ce sont des dizaines, voire des centaines d'amateurs qui se font acteurs pour l'occasion, se costumant en anges ou en diables. Un effort considérable est fait pour la mise en scène : le décor est divisé en " mansions " qui représentent tantôt Nazareth, tantôt Jérusalem, ou encore l'Enfer ou le le Paradis. Une machinerie permet d'opérer des ascensions ou des apparitions. Des bassins figurent la montée du Déluge. Fumées et feux d'artifice simulent l'Enfer. On joue les scènes de martyre ou de mort avec le plus grand réalisme.

 

Chasseurs et chiens ont cessé leur excitation antérieure et sont arrêtés par une scène étrange : à côté d'une fontaine, miraculeuse en ce cœur de campagne, toute une faune paisible est réunie, dans l'attente d'une eau purifiée par la vertu de la corne de la licorne. Dans la partie inférieure de la tapisserie 2, c'est, selon la légende chrétienne, le Jardin du Paradis avant la Chute. C'est aussi au niveau supérieur, le cercle d'une nouvelle famille baptisée, des douze apôtres d'une paix souhaitée. Le temps est venu de la rédemption. Aussi, la licorne doit-elle fuir et combattre, avant de succomber par trahison. Les gueules animales et les visages humains déformés par la haine disent la férocité de cette Passion.

La Chasse expose un double parcours aux visées 'pédagogiques' :

— le parcours collectif de l'humanité qui se veut complet de l'Histoire du Monde (depuis la Genèse jusqu'à l'Apocalypse, via 'La Monarchie universelle, l'Universitas christiana) et de l'Histoire de la nation France (jusqu'à disons 1500)

— le parcours individuel d'un homme qui marche lui aussi de l'avant, déterminé et sûr du but de sa quête, Pèlerin vers la Pierre Philosophale : la Lumière et la Sagesse.

 

La présentation dessinée et tissée de cette 'marche' concomitante est réalisée avec des apports stylistiques divers en une période charnière, où l'on passe selon l'expression de Daniel Arasse (Histoires de peintures, Denoël, 2004) " de la mémoire à la rhétorique " :

– la présence multiple du même personnage (par exemple la licorne) dans la même tapisserie

– la possibilité polysémique donnée à un personnage ou à un élément de posséder plusieurs 'sens'

– la perspective renaissante (dans la représentation des villes)

– le mouvement dont Alberti parle dans son De Pictura et qui intéresse les artistes de la Renaissance. L'art de la mémoire mis ici en œuvre ne passe plus par des espaces compartimentés fixes mais par d'amples mouvements où agissent en une extrême mobilité un grande nombre d'éléments (personnes, animaux, objets) aux 'emplois' divers. L'unification recherchée est dans ce maelström même qui est celui du monde 'nouveau' en mouvement que la Renaissance découvre. Ce mouvement dessiné signifie à la fois, depuis le point et l'instant 'zéro' de la Création, le devenir et l'unité dans une volonté de convaincre et d'émouvoir.

La Chasse est peut-être l'un des plus beaux exemples "de ces synthèses, passages et mélanges entre structure de mémoire et structures modernes de la Renaissance" selon l'expression de Daniel Arasse (p.122).


L'on pourrait écrire de ces tapisseries de La Chasse, ce qu'Antoine Faivre écrit (
dans Accès de l'ésotérisme occidental - 2 volumes, Gallimard, 1986 et 1996 - T1-p.112) de " l'esprit encyclopédique " des cathédrales gothiques et des grandes 'Sommes' ou encyclopédies comme le Speculum majus de Vincent de Beauvais : " Miroir de la Nature, Miroir de la Science, Miroir de l'Histoire, ainsi se présentent de telles œuvres, écrites ou architecturales. Elles enseignent les règnes hiérarchiques des créatures et de la vie spirituelle, confèrent au rythme occulte de ces relations universelles une dimension musicale qui, pour se faire plus rassurante qu'avec l'art roman, n'en continuent pas moins à transmettre un système de valeurs symboliques et cosmiques. "

La Chasse participe peut-être aussi à la construction du " paysage ésotérique occidental moderne " selon l'analyse de Antoine Faivre :

" La fin du XVème siècle a vu se constituer ce qu'on pourrait appeler l'ébauche du paysage ésotérique occidental moderne due à l'apparition de courants nouveaux, à la réactualisation ou à l'adaptation de traditions plus anciennes, et surtout à une volonté de relier les uns aux autres ces divers champs de recherche ou de savoir. Parmi eux figure l'Hermétisme néo-alexandrin, la Kabbale chrétienne, la 'magia' - au sens où Pic de la Mirandole l'entend - et bien sûr l'alchimie et l'astrologie. Au XVIème siècle, le courant paracelsien vient grossir ce fleuve et au moment - la fin du siècle - où les écrits de Paracelse (1493-1541) commencent à être systématiquement publiés, apparaît un autre courant, que l'on va bientôt baptiser 'théosophie'. Né en Allemagne comme le précédent, il est tributaire de celui-ci, avec lequel il présente le plus d'affinités. " (T2-pp49-50)

Se lisent peut-être dans La Chasse les caractéristiques des diverses théosophies que distingue Antoine Faivre :

– le triangle Dieu-Homme-Nature et les relations entre eux

– la primauté du mythique qui permet " la mise en scène des personnages, des mythèmes, des scenarii, comme la Sophia, les anges, l'androgyne primitif, les chutes successives (de Lucifer, d'Adam, de la Nature) "… dans une sorte de " théologie de l'image. "

– l'accès direct aux mondes supérieurs : " L'homme possède en lui-même la faculté, généralement en sommeil mais toujours potentielle, de se 'brancher', en quelque sorte, directement sur le monde divin ou sur celui d'entités supérieures ... c'est-à-dire d'effectuer une 'seconde naissance'. " (pp.52-3-4 - T2)

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Chasse_%C3%A0_la_licorne

http://www.wsu.edu/~delahoyd/medieval/unicorn.html

http://www.fordham.edu/halsall/medny/albertini2.html

Les pages qui suivent, créées avec le même dessein d'harmonie, se veulent elles aussi, mais bien modestement, une encyclopédie de La Chasse à la licorne et de La Dame à la licorne.

 

 

 

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